Le musée dynamique de Dakar : histoire et perspectives

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Le musée dynamique de Dakar : histoire et perspectives

Journée d’étude organisée par El Hadji Malick Ndiaye, (Institut Fondamental d’Afrique Noire), Emmanuelle Chérel (Ecole des Beaux-Arts de Nantes Saint- Nazaire/UMR CNRS AAU équipe CRENAU de l’Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Nantes), Maureen Murphy (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne/Institut universitaire de France), Daniel Sciboz (Head, Genève) avec les interventions de Abdou Sylla, El Hadj Si, Lucia Allais, Ousmane Sow Huchart.

Inauguré le 31 mars 1966 à l’occasion du Festival mondial des arts nègres, construit sur le front de mer de Dakar, le Musée dynamique crée à l'initiative du président Léopold Sédar Senghor, est conçu par l’ethnologue suisse Jean Gabus directeur Musée d'ethnographie de Neuchâtel, consultant pour l’UNESCO, et réalisé par M. Chesneau, un architecte de Dakar. Il accueillit la fameuse exposition L'art nègre : sources, évolution, expansion (1966) pensée comme le coeur du Festival. Sur son frontispice, Léopold Sédar Senghor avait fait inscrire ces mots : « Seul l’Homme peut rêver et exprimer son rêve / En des œuvres qui le dépassent / Et dans ce domaine le Nègre est roi / D’où la valeur exemplaire de la civilisation négro-africaine / Et la nécessité de la décrypter / Pour fonder sur elle un nouvel humanisme ».

Le Musée dynamique constitua une vitrine de l’art moderne international, ainsi que des arts classiques de l’Afrique de l'ouest de 1966 à 1977. Outre les salons nationaux des artistes plasticiens sénégalais, les activités culturelles comme la recherche, la collecte et l’étude du patrimoine culturel et artistique, la conservation et la diffusion des œuvres du patrimoine privé artistique de l’État, le musée organisa de très nombreuses expositions temporaires dont Témoins des temps passés (1966), Marc Chagall (1971), Pablo Picasso (1972), Fritz Hundertwasser (1973), Pierre Soulages (1974), Alfred Mannessier (1976), Iba Ndiaye (1977). Transformé, par une décision spectaculaire de Senghor, à partir de 1977 jusqu'en 1982, en Centre africain de perfectionnement et de recherches des interprètes du spectacle vivant (Mudra-Afrique) crée par Maurice Béjart, le bâtiment est confié à Germaine Acogny pour ensuite retourner de 1984 à 1988 à sa vocation originelle sous la présidence d'Abdou Diouf (avec notamment des salons des artistes sénégalais et les expositions Alpha Waly Diallo (1986), El Hadji Sy (1987)). En 1988, les locaux du Musée sont affectés brusquement par l’État à la Cour suprême qui y prend place en 1990. Après les nombreuses critiques et indignations des professionnels des musées et des agents de la culture, Abdou Diouf, annonce officiellement en 1996 le retour du Musée dynamique à son ministère de tutelle. Une décision qui n’a jamais été exécutée.

Cette journée d'étude propose de revenir sur l'histoire méconnue et passionnante de ce qui fut le premier musée d'art moderne et contemporain en Afrique de l'ouest. Il s'agira d'exposer les conditions de sa création, sa conception de l'art comme force dynamique, ses finalités esthétiques, politiques, diplomatiques, ses différentes étapes et redéfinitions, ses implications sur la scène artistique sénégalaise, notamment dans le débat critique sur la Négritude, ses expositions clefs, ses relations avec différents milieux de l'art comme ceux de la France ou la Suisse (et leurs influences politiques au Sénégal). Ainsi, cette étude de cas permettra d'aborder les débats historiographiques contemporains (histoire des modernités enchevêtrées, des influences et circulations transnationales et transcontinentales, nouveau discours sur les productions visuelles d'Afrique depuis les années 90, mouvement de décentrement culturel en Occident) suscités par le processus de (ré)écriture des modernités africaines. Mais, elle pointera aussi les conséquences de l'absence d'un musée d'art moderne et contemporain au Sénégal, pourtant doté d'une biennale internationalement reconnue. Quelles pourraient être l'actualité et la définition aujourd'hui d'une vision dynamique de l'art ?