Denis Castellas

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École des beaux-arts de Nantes St-Nazaire

Denis Castellas

Depuis quelques années, Denis Castellas revient au travail sur la toile et n’en revient pas, en proie à une fièvre d’images qui n’exclut pas la pensée inlassable de leur traitement et de leur reprise jusqu’à obtenir ce qu’il désire : l’imperceptible différence qui fait vivre la représentation au fil d’une tradition qui en a inquiété ou révolté plus d’un mais dont il est l’un des très rares français à relever aujourd’hui le défi.

Quasi indifférent à tout professionnalisme, entendu comme amour du métier, à toute question de style, Denis Castellas travaille essentiellement à partir de portraits dont il fait émerger ce qui pourrait palpiter au sein de dévotions aussi secrètes que profanes.

Dandies, poètes, têtes coupées, enfants ou nains toréadors se côtoient créant ainsi des liens ambigus d’une œuvre à l’autre, rapprochements de vues qui suscitent notre passion de vénérer les héros d’hier et d’aujourd’hui, ceux qui posèrent et ceux qui continuent à peindre.

On peut aisément se perdre dans les toiles sans titres de Castellas qui nous conte l’histoire de leur genèse : l’image primale utilisée par l’artiste, façonnée, épuisée, fatiguée, recouverte puis libérée à nos regards. Peinture hérétique, transgressive dont on n’entrevoit la profondeur que par la grâce souvent incertaine de l’abandon.

Les chimères qu’il fait naître nous interpellent car nous croyons les connaître sans les reconnaître véritablement. Sur le bout de la langue, sûrs de l’avoir déjà vu, de connaître ce nom ou ce parfum et pourtant ne pas s’en souvenir puisqu’il est le fruit d’un processus complexe que seul l’artiste a éprouvé, s’offrant lui-même au déferlement et souffrant de la saturation précipitée de nos pauvres icônes ; car si nous volons les images, elles aussi nous habitent, nous violent et se manifestent à notre insu. C’est parce qu’il leur extorque une sorte d’aveu que Castellas nous permet de renouer avec la ferveur du passé..