Ciné-Club des Beaux-Arts : Mommy de Xavier Dolan
Une veuve mono-parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent profondément turbulent. Ensemble, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue de la mystérieuse voisine d’en face, Kyla.
Steve (Antoine-Olivier Pilon, époustouflant) est un ado insupportable, agité, malade, qui ne tient pas en place, et dont les crises sont terrifiantes. Mais il est aussi un enfant touchant, intelligent, capable de délicatesse, qui ne cesse d'envoyer de l'amour à ceux qui le respectent, sa mère évidemment – extraordinaire Anne Dorval – et sa voisine, elle-même abîmée par la vie, qui le comprend sans doute mieux que quiconque. Tel un drogué, Steve rechute, se bat contre lui-même et s'enfonce un peu plus à chaque sortie de route.
"Mommy" est un film dur, cru, son sujet est grave, mais on y rit énormément. Les nuages de plus en plus noirs qui flottent au dessus du trio n'empêchent pas les fou-rires, les dialogues et les formules désopilantes.
Touche à tout génial, Xavier Dolan est encore au four et au moulin dans ce film : réalisateur, scénariste et monteur. A la différence de "Tom à la ferme", il n'y joue pas mais excelle dans la direction d'acteurs. On oublie vite avoir affaire à des comédiens, tant leur jeu est époustouflant de justesse.
"Mommy" a bien mérité son Prix du Jury à Cannes, une distinction minimale pour ce grand, ce très grand film.
Pierre-Yves Grenu France Télévision